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Les Tibétains des monts Qilian

par Jean-Paul Desimpelaere, le 4 mars 2011


La chêne de montagne du Qilian (ou Qilianshan) fait partie de la cordillère des Kunlun située dans le Nord-est de la province chinoise du Qinghai à une centaine de km au Nord de Xining (capitale du Qinghai). Cette chêne de montagnes trace une frontière naturelle entre le Haut plateau et les déserts de la Route de la Soie du Nord. Elle est plus vaste et, par endroits, plus élevée que nos Alpes européennes : 900 km d’Ouest en Est et culminant au-delà de 5000m. Les précipitations y sont de moitié moins abondantes que chez nous, ce qui leur vaut un climat très sec et relativement peu de glaciers.

 

Depuis le 8ème siècle, des Tibétains vivent sur les flancs Sud  de cette chaîne de montagnes. Avant eux, d’autres peuples s'y étaient établis, notamment les Tu, mais les Tibétains conquirent ces régions au 8ème siècle et exterminèrent pratiquement tous les Tu.

Après la chute de leur empire, au 9ème siècle, les Tibétains devinrent une minorité et un autre royaume s’établit alors dans cette région : le royaume des Xixia (10ème -11ème siècle). A son tour, le royaume des Xixia fut renversé, cette fois par les Mongols, au 13ème siècle.

Ces derniers y amenèrent des populations arabes qui ont constitué un des noyaux de la population Hui actuelle. Puis, pendant la dynastie des Qing (17ème-20ème siècle), des Han sont venus s'établir dans la région. A la prise du pouvoir par les communistes, d'autres Han s'ajoutèrent aux premiers, surtout dans le chef-lieu de la province, à Xining.

Finalement, la province du Qinghai compte quelques 6 millions de personnes, dont un tiers de Tibétains, un tiers de Han et un tiers de Hui avec, en marge, quelques autres minorités nationales.


Actuellement, les flancs Sud des monts Qilian sont encore habités par des Tibétains, mais avec d’importantes enclaves mongoles. Les Ouïghours sont aussi tout près. L’ensemble de la région autour des Qilian Shan est une mosaïque de petits départements et districts : mongols, kazakhs, tibétains, tu, Ouïghours.


Le gouvernement chinois a placé une vaste partie de cette région sous protection écologique. Des botanistes norvégiens ont pu le constater en 2005-2006 (1) : leurs relevés indiquent une étonnante biodiversité en ce qui concerne la végétation. Cette zone couvre une superficie boisée  de quelques milliers de km² située sous 4000 mètres d'altitude.

Les arbres y sont âgés de 150 ans en moyenne et le gouvernement a interdit toute exploitation forestière. Dans les années 1980-1990, il y a eu une « ruée vers l’or » : les rives des cours d'eau ont été retournées pas des milliers de chercheurs d’or. Mais la fouille a été interdite en 2000.


Dans le département tibétain de Hainan, au Nord-est du Qinghai, le long de la fontière avec le Gansu, les vastes prairies de Kala acceuillent chaque année en automne un important festival religieux. Les moines des monastères aux environs de Tongde sont responsables de l’organisation du festival.

Entre dix à vingt milles Tibétains y assistent. Ils sont logés dans un énorme campement quatre jours durant. Une immense tente au centre du campement fait office de temple. Une partie de la prairie est utilisée comme parking pour les milliers de motos , de 4x4 et autres véhicules tout terrain.

Notes:
(1) Université de Bergen, « ecological and environmental change research group », eecrg.uib.no