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Un regard sur la Chine lucide et amical (recension du dernier livre de Claude Meyer) 

par André Lacroix, le 28 janvier 2019

Voilà un livre tout à fait intéressant, qui jette sur la Chine un regard à la fois lucide et amical. Il se compose de trois parties (faisant au total huit chapitres) :

1ère partie : Les trois ambitions planétaires de la Chine à l’horizon 2030 (chapitres 1 à 3)

2ème partie : Le grand écart entre Lénine et Confucius (chapitres 4 et 5)

3ème partie : La Chine et l’Occident, confrontation culturelle et idéologique (chapitres 6 à 8)

 

 

Comment parler de la Chine aujourd’hui sans verser dans l’admiration béate ou dans la répulsion effrayée ? C’est ce que parvient à faire Claude Meyer, docteur en économie et aussi diplômé en philosophie, sociologie et études asiatiques.

La première partie, très documentée, dresse un tableau saisissant de l’irrésistible accession de la Chine à la première place mondiale dans les domaines économique et géopolitique. La deuxième partie, sans doute le plus personnelle, s’attache à décrire l’interpénétration originale d’une doctrine occidentale révolutionnaire et d’une civilisation à la sagesse millénaire. Dans la troisième partie, essentiellement pragmatique, il est question de dialogue entre la Chine et l’Occident, difficile mais possible.

 

Le chapitre 1 s’intitule «  La prééminence économique et financière à l’horizon 2030 ». « Le géant chinois – déjà premier déposant de brevets au monde – compte bien s’imposer rapidement comme le ‘laboratoire du monde’ et non plus seulement son ‘atelier’ » (p. 19). En 2016, le PIB de la Chine était de 11,4 trillions de $ et celui des USA de 18,6 trillions de $. En 2030, la Chine sera passée en tête avec 26,5 trillions de $ devant les USA avec 23,5 trillions de $ (voir p. 39).

Bien sûr, ces chiffres sont à relativiser : premièrement parce que « les projections économiques à long terme sont fragiles » (p. 38) ; deuxièmement, parce que le PIB global n’est pas le PIB par habitant (le gâteau en Chine est à distribuer à bien plus de personnes qu’aux États-Unis) ; troisièmement, parce que la croissance chinoise est inégalement répartie : le développement chinois a « introduit une double ligne de fracture, entre villes et campagne mais aussi en milieu urbain entre grande pauvreté et nouveaux riches » (p. 32) ; quatrièmement parce que « le modèle de croissance a aussi entraîné un véritable désastre écologique, résultat d’une industrialisation à marche forcée, d’une agriculture dopée aux engrais et pesticides, et d’une urbanisation très rapide » (p. 32).

Quelles que soient ces réserves, et singulièrement les redoutables enjeux environnementaux qui seront évoqués à la fin de l’ouvrage, l’auteur n’oublie pas de saluer le fait que « quelque 700 millions d’habitants ont été arrachés à la pauvreté durant les dernières décennies, une première dans l’histoire de l’humanité » (p. 260).

 

Forte de sa nouvelle puissance économique, la Chine revendique aussi sa place en tant que pays ayant renoué avec son glorieux passé. C’est l’objet du chapitre 2 : « Les ambitions stratégiques de la Chine pour un nouvel ordre mondial ». La première étape du rayonnement mondial de la Chine se joue en Asie. « Ses ambitions se heurtent cependant à l’écrasante domination militaire des États-Unis dans la région, complétée par l’alliance avec le Japon qui, malgré son pacifisme affiché, dispose de la 7e armée du monde » (pp. 61-62). L’autre grand rival de la Chine, c’est l’Inde dont la population deviendra sous peu la plus nombreuse. Et comme « le Japon s’efforce d’intégrer l’Inde dans les organisations régionales pour faire contrepoids à Pékin » (p. 71), la Chine s’attache à contourner cet encerclement en se tournant vers les pays d’Asie centrale : « L’organisation de coopération de Shanghai (OCS), basée à Pékin, regroupe la Chine, la Russie, le Kazakhstan, le Kirghizistan, l’Ouzbékistan, le Tadjikistan et plus récemment l’Inde et le Pakistan » (p. 62). Dans sa rivalité historique avec le Japon – dont ne sont pas absents les souvenirs douloureux de la 2e Guerre mondiale – et sa compétition avec l’Inde – marquée par une méfiance réciproque née de la guerre de 1962 – la Chine bénéficie de son statut de seul membre asiatique du Conseil de Sécurité pour revendiquer la prééminence sur tout le continent.

De cette position, elle entend bien rayonner sur le reste du monde, essentiellement par le développement de relations bilatérales dans une perspective multipolaire. Le tableau reproduit p. 73 est éloquent : il montre une Chine commerçant avec tous les continents et singulièrement avec le reste de l’Asie, l’Union européenne, les États-Unis, l’Amérique latine, l’Afrique et l’Océanie, ce dernier partenaire étant le seul où la balance commerciale de la Chine est déficitaire. Partout ailleurs, la Chine exporte nettement plus qu’elle n’importe, son solde commercial s’élevant en 2017 à 422 Mds de $ ! Elle est devenue un partenaire incontournable du G20, le leader des BRICS, la créatrice de la BAII (Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures). « Mais l’initiative la plus spectaculaire qu’ait prise Xi Jinping – le cœur de sa stratégie en Asie –, c’est la réactivation en 2013 de la route de la soie. Ce projet titanesque évoque par son gigantisme la Grand Muraille, mais son but est à l’exact opposé : non pas protéger le pays de toute incursion étrangère mais au contraire le relier étroitement à une soixantaine de pays d’Europe et d’Asie par un réseau tentaculaire de corridors terrestres et de voies maritimes » (p. 96).

 

Il est toutefois un domaine où la Chine a encore du chemin à parcourir. C’est l’objet du chapitre 3 : « À la conquête du soft power, nouveau champ de bataille ». Tout le monde se souvient de l’extraordinaire spectacle inaugurant les Jeux olympiques de Pékin en 2008. « C’était le couronnement d’années d’efforts pour valoriser l’image du pays aux yeux de l’opinion internationale dans une offensive de charme utilisant tous les instruments de la ‘puissance douce’, du soft power. Un pouvoir de persuasion devenu un leitmotiv pour Pékin » (p. 105). « Elle [la Chine] peut s’enorgueillir de la richesse esthétique de son passé impérial mais aussi de la fécondité de ses créateurs et artistes contemporains mondialement connus (…) » (p. 113). « Son héritage culturel et la beauté de ses paysages la placent au 2e rang du patrimoine mondial de l’Unesco – derrière l’Italie – (…) » (p. 113). Elle peut aussi compter, pour son rayonnement, sur les Instituts Confucius : « on en comptait plus de 500 en 2017, établis dans 140 pays du monde (…) » (p. 110).

Malgré tous ces atouts, force est de constater qu’en matière de soft power, le bilan de la Chine n’est pas satisfaisant, comme le montrent les « enquêtes d’opinion réalisées par quatre instituts de sondage » (p. 130). Il en ressort que si les opinions sur la Chine sont « largement positives dans 23 pays d’Afrique et d’Asie centrale, elles sont très majoritairement négatives dans 29 pays d’Europe et d’Amérique du Nord » (p. 131). Les raisons de ce désaveu tiennent essentiellement au fait que « selon Pékin, la priorité doit être donnée aux droits matériels, car ces droits fondamentaux constituent le préalable à toute existence véritablement humaine » (p. 271) tandis que l’Occident privilégie « les droits immatériels’ que sont les libertés individuelles, les droits civiques et politiques (…) » (p. 271) (*).

 

Tout au long du chapitre 4 : « Lénine à Pékin : démocratie à la chinoise », Claude Meyer dresse l’inventaire des caractéristiques d’une démocratie qui a tout pour déplaire aux défenseurs de la démocratie occidentale. S’il reconnaît que « le régime a profondément évolué depuis l’ère maoïste et [qu’] il n’est plus totalitaire, au sens strict du terme » (p. 270), il n’en reste pas moins vrai que le rôle dirigeant du Parti, le contrôle des citoyens, la défiance à l’égard des ONG, l’encadrement des religions et l’étouffement des mouvements citoyens sont des réalités qui expliquent les réticences occidentales, que le tournant autoritaire amorcé par Xi Jinping ont encore accrues. L’auteur termine ainsi ce chapitre : « Alors que la société civile pourrait jouer un rôle précieux dans le développement du pays, notamment sur le plan social, Xi Jinping considère au contraire qu’elle constitue une menace pour le pouvoir du Parti et pour la stabilité sociale. La déception est immense pour les libéraux modérés qui voyaient en lui un réformateur capable à la fois de renforcer la puissance du pays et d’amorcer une ouverture politique mesurée. Pourtant, s’ils doivent faire profil bas actuellement, le débat sur la démocratie qui les a opposés aux conservateurs durant les dernières décennies n’est pas clos pour autant » (p. 166).

 

En effet. Et ce sera l’objet du chapitre 5 : « Lénine à la rencontre de Confucius », qui commence par ces mots : « Le régime a beau être marxiste-léniniste, l’idéal communiste ne fait plus rêver la société chinoise, devenue de plus en plus individualiste et matérialiste. On assiste même à un retour de la pensée traditionnelle dans une société en perte de repères » (p. 167). L’arrivée des valeurs occidentales – libéralisme et communisme − a secoué profondément la Chine qui, depuis des millénaires, reposait « sur une triple tradition : le confucianisme, le taoïsme et le bouddhisme » (p.168). « La civilisation occidentale vise le progrès, la conquête de la nature et la démocratie. La civilisation chinoise, elle, est inspirée par l’ajustement des désirs au réel, elle prône la modération des appétits et vise le bien-être paisible que peut offrir l’existence «  (p. 186). Si Mao a réussi à greffer le communisme occidental sur le tronc chinois, on assiste aujourd’hui au « retour du refoulé » (p. 168) : « retour en grâce du confucianisme chez les intellectuels » (p. 192) et « renouveau du confucianisme populaire » (p. 202), qui va forcer le pouvoir à se repenser.

« En 2005, le président Hu Jintao introduit le concept à forte connotation confucéenne de « société harmonieuse ». Cette personnalité pourtant assez terne imprime ainsi un tournant majeur à la doctrine du Parti en prônant l’harmonie et non plus la lutte des classes » (p. 198). En continuité avec cette pensée, Xi Jinping s’inscrit dans la tradition de Confucius « dont il invoque le patronage pour prôner l’harmonie sociale et le respect des valeurs morales, notamment par les cadres du Parti » (p. 197).

« Ainsi pourrait-on dire qu’en agrégeant la tradition – symbolisée par Confucius – aux grands auteurs marxistes, la Chine utilise des ‘fragments’ de son histoire intellectuelle – préexistants et donc inaltérables – pour créer un ensemble original » (p. 206). « Pour l’Occident, le ‘défi chinois’ ne se limite donc pas à la rivalité économique et géopolitique. C’est aussi la confrontation avec une idéologie incompatible avec ses propres valeurs et, plus encore, avec une grande civilisation qui questionne les fondements mêmes de l’identité occidentale » (p. 207).

 

Or cette confrontation a déjà eu lieu. C’est ce que raconte le chapitre 6 : « Au miroir de l’histoire, plaidoyer pour un dialogue des deux civilisations » qui fait la part belle à l’épopée des jésuites en Chine entre 1583 et 1775. Partis pour évangéliser la Chine, le Père Ricci et ses compagnons commencent par se mettre à l’étude de la langue et de la civilisation chinoises, au point d’être admis dans le cercle des mandarins. Et c’est ainsi qu’ « un formidable transfert de connaissance va s’effectuer entre l’Europe et la Chine. Transfert vers la Chine : les jésuites y arrivent munis d’instruments à la pointe des connaissances techniques de l’époque et apportent à l’empire leur expertise scientifique, notamment en mathématiques, astronome et cartographie (…) Transfert vers l’Europe en retour : les jésuites traduisent Confucius et les Classiques, adressent une multitude de mémoires aux sociétés savantes européennes sur les sujets les plus variés et publient leurs Lettres édifiantes et curieuses qui décrivent leur vie quotidienne, leurs activités et plus largement la situation politique et religieuse de l’empire (p. 217).

Les conséquences de cette confrontation seront énormes des deux côtés. « L’empire du Milieu se pensait centre du monde mais constate dans les mappemondes et autres cartes jésuites qu’il n’en est qu’une partie parmi d’autres ; de surcroît, il doit reconnaître son retard par rapport aux sciences et techniques d’Occident. L’Europe chrétienne, pour sa part, découvre qu’une nation païenne peut rivaliser avec elle non seulement en termes de grandeur et de culture mais surtout de valeur morale. Cette découverte de la Chine contribue ainsi fortement à la crise de conscience qui secoue d’Europe à la fin du XVIIe siècle et qui marque l’avènement du siècle des Lumières » (p. 218).

Cette expérience probablement unique de confrontation de deux civilisations (avec ses répercussions en Europe et en Chine, détaillées aux pages 218 à 229) constitue un plaidoyer « contre le pessimisme de Huntington » et son « choc des civilisations » (pp. 230-235) et pour un véritable dialogue, lequel doit « répondre, selon Claude Meyer, à une double exigence : reconnaissance réciproque des valeurs spécifiques de l’autre et recherche de ce qui est commun » (p. 244). Pour que ce dialogue ait une chance d’aboutir, il faut que l’Occident ne reste pas « rivé à son ethnocentrisme ‘humaniste’ » (p. 244) et que, de son côté, la Chine ne se replie pas « sur les valeurs identitaires de la ‘sinité’, concept qui referme la Chine sur elle-même plus qu’elle ne l’ouvre au reste du monde » (p. 244).

Ce chapitre se clôt sur une note positive : « C’est parce qu’il y a entre civilisations chinoise et occidentale des aspirations universelles communes qu’elles peuvent entretenir des dialogues approfondis (…) » (p. 256).

 

Le ton change au chapitre 7 : « Deux modèles antagonistes : un dialogue de sourds ».

Il est assez commode pour Le Quotidien du peuple, l’organe du PCF, de dénoncer, dans son édito du 17 juillet 2017, les dérives de la politique menée aux États-Unis : « […] Non seulement le pays est tombé dans le chaos, mais la nation est plus divisée que jamais. Le système américain fonctionne mal […]. Qu’on aime ou non le système chinois, il offre des avantages par rapport à des démocraties ingouvernables » (cité p. 257).

« Deux modèles s’affrontent ainsi dans un dialogue de sourds qui laisse peu de place à l’échange : la Chine vante son modèle méritocratique face aux dérives de la démocratie représentative, tandis que l’Occident dénonce les graves travers du régime léniniste de Pékin, notamment les atteintes récurrentes aux droits de l’homme. Le rétablissement d’une forme de dialogue politique supposerait à la fois plus de modestie de la part de l’Occident et une profonde libéralisation du régime chinois. Rien ne permet actuellement de l’espérer (…) » (p. 257).

Aux griefs des Occidentaux vis-à-vis de la Chine (déjà abordés au chapitre 4) les Chinois ont beau jeu de mettre en avant « l’excellence d’un système politique qui est à la fois efficace et légitime car il repose sur des mécanismes méritocratiques qui ont fait leurs preuves depuis des siècles » (p. 260), même si, au sein de la population chinoise, « l’attractivité des pays occidentaux ne se dément pas » (p. 265), même si « les signes de mécontentement ne manquent pas » (p. 265), obligeant le gouvernement à « allouer un budget aussi colossal à la sécurité intérieure, 153 milliards de dollars » (p. 266) et même si « selon un sondage d’octobre 2016, 86 % des Chinois considèrent que la corruption des fonctionnaires est le problème majeur du pays, avant même les inégalités de revenus » (p. 268). Malgré tous ces points noirs, « dans son immense majorité, la société chinoise ne souhaite pas une démocratie représentative à l’occidentale et se méfie d’élections multipartites fondées sur le principe ‘une personne, une voix’. En cela, elle semble partager l’analyse du pouvoir, qui voit dans le multipartisme une source d’instabilité pouvant conduire le pays à l’anarchie » (p. 276). D’ailleurs, comme le fait remarquer Zhang Weiwei, professeur à l’Université Fudan, « le système de parti unique n’exclut pas la participation des citoyens ; ils sont régulièrement consultés et ils peuvent choisir leurs représentants au niveau local, voire exprimer leurs doléances par les voies appropriées » (p. 261). Ajoutons que les Chinois n’ont pas la mémoire courte : l’expérience du multipartisme a déjà « été tentée après l’instauration de la République en 1912 mais elle a plongé dans le chaos un pays ravagé par les luttes entre seigneurs de la guerre et a causé des dizaines de millions de victimes entre 1916 et 1928 » (p. 263). Plus près de nous dans le temps, « obsédé par l’engrenage fatal de réformes qui conduisit à la désintégration de l’URSS, Xi Jinping se voit comme l’anti-Gorbatchev : le Parti doit conserver le contrôle total de la société, quitte à réprimer les contestataires avec des moyens dont le destin tragique du prix Nobel Liu Xiaob[a]o a révélé l’extrême brutalité » (p. 274) (**).

Il faut aussi se souvenir de la rapidité de l’évolution récente en Chine, passant de la Révolution culturelle à la société d’aujourd’hui : « Seul un Occidental qui aurait vécu quatre cents ans aurait pu vivre deux époques aussi dissemblables, quand il n’aura fallu aux Chinois que quarante ans pour les connaître toutes les deux » (citation de Yu Hua, p. 125). C’est dire s’il convient d’être prudent quant à l’avenir politique de la Chine, qui reste « une énigme » (p. 274).

Quoi que nous réserve l’avenir, le dialogue s’impose entre la Chine et l’Occident « dans le respect mutuel des traditions et valeurs respectives qui ne seraient plus brandies comme des absolus » (p. 283).

 

Et comme le mouvement se prouve en marchant, le livre de Claude Meyer se referme sur le chapitre 8 : « Le Dialogue Europe-Chine en action », qui propose notamment deux grands domaines dans lesquels Chine et Europe auraient tout intérêt à collaborer étroitement en surmontant leur rivalité, « au moment où les États-Unis s’éloignent de leur rôle multilatéral traditionnel » (p. 289). Ces deux dossiers sont vitaux pour l’avenir même de la planète : l’Afrique et le réchauffement climatique.

« L’Afrique représentera en 2050 le quart de la population de la planète, son développement est donc un enjeu mondial. L’Allemagne a décidé d’en faire la priorité de sa présidence du G20 en 2017 (…) » (p. 298). Quant à la France, sa « position privilégiée et sa longue expérience politique des régimes africains sont des atouts dont la Chine ne dispose pas et qui seront précieux pour une coopération sino-française en Afrique » (pp. 298-299). La démographie galopante de l’Afrique, l’absence d’infrastructures, le terrorisme, les migrations internes, « rendent d’autant plus urgente une forte implication de l’Europe dans le développement du continent africain, dont l’efficacité serait renforcée par une coordination plus étroite avec la Chine » (p. 301).

« Deuxième domaine où l’Europe et la Chine doivent unir leurs forces, le leadership dans la lutte mondiale contre le réchauffement climatique. Les deux domaines – Afrique et climat – sont d’ailleurs en partie liés, car on voit déjà les effets du changement climatique dans la Corne de l’Afrique avec le retour des famines. Le principe de cette coopération sur la question du climat a été acté lors du 19e sommet sino-européen de juin 2017 et le président français l’a rappelé en janvier 2018, lors de son voyage en Chine, précisant que l’Europe et la Chine ont des visions communes en matière de sécurité énergétique (…) » (p. 301). « L’une et l’autre peuvent d’ailleurs en retirer des bénéfices économiques : la Chine est le principal fournisseur de produits liés à la croissance verte, notamment dans l’éolien et le photovoltaïque, tandis que les entreprises de l’Union européenne détiennent 40 % des brevets mondiaux de technologies d’énergie renouvelable » (p. 302).

« Coopération sur les grands dossiers multilatéraux, dialogue économique et échanges culturels : tels sont les grands axes d’une relation fructueuse de l’Union européenne avec la Chine. L’Europe doit donc s’engager dans un partenariat constructif, fondé sur la recherche des points de convergence avec Pékin (…) » (pp. 302-303).

 

 

(*) Concernant le déficit de soft power de la Chine, lire aussi mes réflexions avec lesquelles Claude Meyer serait sûrement d’accord : http://tibetdoc.org/index.php/politique/chine-en-general/299-a-propos-de-l-autobiographie-de-tashi-tsering-censure-et-soft-power-en-chine

(**) À propos de Liu Xiaobo, il n’est pas sans intérêt de prendre connaissance du point de vue chinois : https://chine.in/guide/liu-xiaobo_3822.html.

Dans le même ordre d’idées, on aurait aimé aussi que Claude Meyer ne se fasse pas l’écho des seuls médias occidentaux en parlant, p. 133, de « la brutale répression des émeutes au Tibet » sans mentionner qu’elle faisait suite à de sauvages agressions racistes perpétrées le 19 mars 2008 par des Tibétains, ayant entraîné la mort d’une vingtaine de citoyens Han et Hue.