Microcrédits de relance après la Révolution culturelle
par Jean-Paul Desimpelaere, le 6 juin 2010
Pendant la Révolution culturelle, le système des communes agricoles reposait sur trois niveaux administratifs : la « commune » d’à peu près la superficie d’un canton actuel, l’ « équipe » qui rassemblait quelques villages et la « brigade » qui finalement correspondait à un village partciculier.
Les paysans travaillaient sur leurs champs par « brigades ». Ils percevaient un salaire qui correspond à environ 5 euros/mois. En moyenne trois personnes par famille travaillaient, cela faisait 15 euros par mois pour la famille. A titre de comparaison : une famille paysanne à l’heure actuelle gagne 150 euros par mois, sans compter la nourriture auto-produite. Bien que ce dédommagement soit plus élevé que ce qu’ils percevaient sous l’ancien régime (avant 1959), cela restait à peine suffisant pour couvrir les besoins de base.
En 1980, le gouvernement chinois a décidé de ne plus taxer les activités des agriculteurs, des éleveurs et des artisans, au Tibet comme ailleurs en Chine. Avant cela, ils étaient redevables de 8% de taxes sur leurs revenus.
Pourtant lorsqu'à partir de 1982, des initiatives privées furent à nouveau tolérées, elles ne furent pas accueillies avec grand enthousiasme. Par exemple, un secrétaire du Parti dans une commune dissoute démarra une petite exploitation de transport privée grâce à un microcrédit alloué par l’Etat. Le comité de la commune le licencia argumentant qu'un secrétaire du Parti se devait de penser d’abord à la communauté et non à lui-même. L’homme persévéra et put finalement donner du travail à ses frères et à quelques autres personnes du village. Il reçut alors des louanges des autorités de Lhassa. Ce « travailleur modèle » négocia pour avoir plus de microcrédits pour d’autres villageois, ce qui donna la possibilité au village de diversifier la production locale. La critique du début a vite été oubliée.