Xizang-Tibet : « Les eaux claires et les paysages verdoyants sont comme des montagnes d'or et d’argent »
par Elisabeth Martens, le 15 mai 2025
« Les eaux claires et les paysages verdoyants sont comme des montagnes d’or et d’argent »: c'est un concept lancé par Xi Jinping en 2013 en vue de protéger les écosystèmes du Tibet. Plus de 20 ans plus tard, quels sont les résultats en Région autonome du Tibet (nommé maintenant le Xizang-Tibet) en matière d'écologie et de préservation de la biodiversité ?

Depuis le début de l'investiture de Xi Jinping en 2013, la Chine met un point d'honneur à intégrer l'écologie au « socialisme à la chinoise » : le développement économique et social ne peut plus ignorer la protection de l’environnement. Suivant le principe de la « construction d'une civilisation écologique » et de « relations harmonieuses entre l'homme et la nature », les efforts continus pour maintenir l'équilibre écologique et promouvoir une croissance verte témoignent de l'engagement de la Chine envers la protection de notre planète pour les générations futures.
Le Xizang-Tibet est un exemple remarquable de l'importance accordée par La Chine au développement durable et à la protection de l'environnement. Des politiques rigoureuses concrétisées par une législature stricte ont été mises en place pour préserver les écosystèmes uniques de la région.
Sans négliger sa modernisation, le niveau de gestion de l’écologie ne cesse de progresser au Xizang-Tibet, contribuant à préserver la biodiversité du plateau Qinghai-Xizang. Le Xizang-Tibet est devenu l’une des régions du monde où l'environnement est le mieux préservé.
Quelques résultats en termes de biodiversité
Le Xizang a établi 47 réserves naturelles de divers types, couvrant une superficie totale de 412 200 km².
La population d’animaux sauvages rares a également connu une augmentation spectaculaire : on recense 1 072 espèces de vertébrés terrestres dans la région, dont 246 sont des espèces sauvages protégées au niveau national.
Le Xizang a répertorié 7 504 espèces de plantes vasculaires, dont 169 sont des espèces végétales protégées au niveau national.
Les catégories de terres du Xizang ayant de fortes fonctions écologiques, telles que les terrains forestiers, prairies, zones humides et plans d’eau, atteignent désormais 1 081 100 km².
Des projets tels que le reboisement des montagnes du Nord et du Sud de Lhassa ont permis d’aménager 705 073 hectares de forêts et d’entretenir 255 093 hectares de forêts existantes dans la région.
En 2021, le taux de couverture forestière régionale a atteint 12,3% et la couverture végétale complète des prairies est passée à 47,1%.

La qualité de l’eau
Le parc national de la zone de Sanjiangyuan se trouve sur le plateau Qinghai-Tibet. La zone placée sous protection s’étend sur 190 700 km², ce qui garantit la protection globale de la source du fleuve Yangtsé, du fleuve Jaune et du fleuve Lancang (Mékong). Les écosystèmes du parc national comptent des glaciers, des zones humides de haute altitude, des steppes alpines et des zones de désert (Gobi).

Shui Yanping, chef adjoint du département, a déclaré que « la qualité de l’eau dans les principaux fleuves et lacs de la région est restée bonne depuis 2022 et répond aux normes établies par le gouvernement central. La qualité de l’eau dans les principaux fleuves de la région – le Yarlung Zangbo, le Lancang, le Jinsha et le Nujiang – ainsi que le Lhasa Kyichu, le Myangchu et le Nyangchu, ont satisfait aux normes de classe II et supérieures », en ajoutant que « la qualité de l’eau de la rivière Rongphu, près du Qomolangma (Everest) respecte la norme de classe I du pays. »
La qualité de l’eau des principaux fleuves et lacs a quant à elle atteint ou dépassé la classe III, la troisième meilleure du système chinois de classification de la qualité des eaux de surface (qui compte cinq niveaux).
La région a rénové 37 000 toilettes dans les zones rurales et 597 villages ont achevé le traitement des eaux usées rurales l’année dernière. Le taux de traitement des eaux usées domestiques rurales passant de 5,7% à 10,8%.
La qualité de l'air
Depuis 2016, la proportion de jours avec une bonne qualité de l’air au Xizang-Tibet a dépassé les 99 %.
En 2022, la qualité globale de l’air ambiant de la région était excellente. La proportion de jours avec une excellente qualité de l’air était de 99,5%, et le ratio de jours avec une excellente qualité de l’air ambiant à Lhassa, la capitale de la région, était de 99,7%. Lhassa se classe au premier rang parmi 168 villes clés en Chine.
Autour du Qomolangma (Everest) la qualité de l’air ambiant est bonne, atteignant la norme de classe I du pays.
Les lignes rouges
Aujourd'hui, plus de la moitié de la région autonome du Tibet est protégée selon les normes les plus strictes. Les réserves naturelles couvrent 38,75% de la superficie de la région autonome du Xizang-Tibet. Des « lignes rouges » en matière de protection écologique ont été tracées.
Les « lignes rouges » sont un dispositif mis en place en 2017 pour lutter contre la dégradation de l'environnement : chaque province ou région autonome doit délimiter ses « lignes rouges » écologiques (limites visant à protéger les surfaces naturelles de l’expansion agricole, industrielle ou urbaine) autour de zones dont la fonction écologique est essentielle en matière de conservation de la biodiversité, des sols, de l’écosystème et des ressources forestières, maritimes ou en eau de surface.
Le 10 octobre 2022, la région autonome du Tibet a inscrit la moitié de son territoire sous le champ d’application d’une ligne rouge de protection écologique. Les autorités environnementales ont indiqué, lors d’une conférence de presse dans la capitale régionale Lhassa, que « ces lignes rouges de protection écologique sont infranchissables et sont situées dans des zones aux fonctions écologiques d’importance critique qui doivent être strictement protégées ».
Énergies renouvelables : l'hydraulique, le solaire et l'éolien
Le développement vert à faible émission de carbone est aujourd'hui bien ancré au Tibet grâce à une prise de conscience généralisée. En 2023, le Tibet a transporté 2,57 milliards de kilowattheures d'électricité provenant d'énergies renouvelables.

Actuellement, la capacité installée de production d'énergie propre au Tibet représente plus de 90 % de la capacité installée totale, y compris l'hydroélectricité, la production d'énergie photovoltaïque et l'énergie éolienne.
Le Xizang-Tibet est doté de nombreuses ressources en eau, ce qui a conduit à la construction de nombreux barrages hydroélectriques. Le barrage de Zangmu, en cours de construction, sera la plus grande centrale hydroélectrique du monde, avec une puissance de 60 gigawatts, ce qui peut également avoir des impacts négatifs sur l'environnement et les populations locales.
Le Xizang-Tibet bénéficie d'un ensoleillement important et d'un rayonnement solaire exceptionnel, ce qui permet le développement de centrales solaires, dont la plus haute du monde est située à 5228 mètres d'altitude. Le Tibet dispose de zones ventées qui permettent le développement de parcs éoliens.
Le développement des énergies renouvelables au Tibet est un exemple de la stratégie chinoise pour réduire la dépendance aux combustibles fossiles et pour développer une énergie plus propre. Le haut plateau Qinghai-Tibet permet ce genre de prouesses, là où ailleurs, la Chine dépend encore d'énergies fossiles.
D’importants investissements
En 2022, le gouvernement central a alloué près de 760 millions de yuans (107 millions de dollars) de fonds spéciaux pour la protection écologique et environnementale au Xizang-Tibet.
Près de 447 000 emplois ont été ouverts aux résidents ruraux dans le cadre de la protection écologique, que ce soit dans le gardiennage des parcs nationaux, dans l'agro-écologie (serricultures, en particulier), ou dans l'éco-tourisme qui est de plus en plus prisé par les citadins des mégalopoles chinoises.

Certains comtés du sud-est du Xizang-Tibet, comme ceux de Joda, Bomi, Chonggyai ont été établis comme zones de démonstration pour la construction de la civilisation écologique nationale. La ville de Nyingchi, également dans le sud-est de la région, a été nommée « ville forestière nationale » et est devenue une destination touristique importante. Entourée de montagnes alpines et bordée au Sud par l'Inde et le Myanmar, Nyingchi (Linzhi en chinois) bénéficie d'une biodiversité riche qui favorise la formation de paysages verdoyants attirant de nombreux touristes chinois.
Une conscientisation écologique
Le Tibet est aujourd'hui l'une des régions où l'écologie est la mieux préservée du monde, grâce aux efforts conjoints du gouvernement régional et du gouvernement national pour améliorer la gestion écologique et environnementale du Tibet et protéger la biodiversité du plateau Qinghai-Tibet.
Depuis que l'accent est mis sur l'écologie et le développement vert du troisième pôle, les populations du Tibet et du plateau Qinghai-Tibet sont partie prenante du projet. En effet, il fait écho aux valeurs bouddhistes de préservation de toute forme de vie. Le Xizang-Tibet est de plus en plus apprécié pour ses valeurs morales et spirituelles par les Chinois de l'intérieur du pays ; il devient un exemple à suivre.
Le Musée des Sciences naturelles de Lhassa
Les autorités régionales ont voulu faire honneur aux efforts continus des populations du Xizang-Tibet par la construction d'un musée dédié aux Sciences naturelles. Implanté le long du canal à Lhassa, le Musée des Sciences naturelles reprend la forme de la crête irrégulière des montagnes qui l’entourent. Symbole de force, la montagne rejoint ici l’eau, synonyme de vie. Ces symboles sont repris de façon subtile à l’intérieur comme à l’extérieur du musée.

La structure de la façade fait référence au « khata », écharpe de félicité bouddhiste traitée comme la trame d’un tissu aux motifs de mandala. Cette résille structurelle, rappelant l’apparence de la montagne enneigée, confère une légèreté esthétique au volume du bâtiment.
En toiture et en façade, les différentes épaisseurs des motifs de la résille permettent de filtrer le soleil afin de moduler la lumière et la température intérieure. Leur structure intègre des cellules photovoltaïques ainsi qu’un système de traitement et de récupération des eaux.
Au cœur de l’Himalaya, sur le toit du monde, le Musée des Sciences Naturelles de Lhassa conjugue des techniques de pointe à une réinterprétation des symboles traditionnels tibétains pour offrir à la région un emblème durable d’envergure culturelle internationale.
Dès l’origine, le projet architectural intervient en cohérence avec le projet muséal : les espaces sont flexibles et dotés des dernières technologies et dispositifs scénographiques. Le musée est doté d’un grand hall central, véritable espace tampon qui joue un rôle important en matière d’économie d’énergie.
En toiture et façade, les différentes épaisseurs des motifs permettent de filtrer le soleil afin de moduler la lumière et la température intérieure du bâtiment. Ils intègrent des cellules photovoltaïques ainsi qu’un système de récupération et de traitement des eaux.
Au cœur de l’Himalaya, sur le toit du monde, le Musée des Sciences Naturelles de Lhassa conjugue des techniques de pointe à une réinterprétation des symboles traditionnels tibétains, pour offrir à la région un équipement durable, d’envergure culturelle internationale.
Sources :
https://architecturestudio.fr/projets/lhs1-musee-des-sciences/
https://www.arcadata.com/fr/exclu/musee-des-sciences-naturelles-tibet-9
http://www.chine-ecologie.org/penser-l-ecologie-en-chine/dans-l-actualite-eco-socialiste/393-cop15-presidence-chinoise-la-biodiversite-ce-concept-anticapitaliste
https://business-herald.com/environnement-2/tibet-lenergie-propre
https://www.chine-magazine.com/tibet-un-des-meilleurs-endroits-au-monde-pour-la-qualite-ecologique/