Arguments de la Chine en faveur de l'autonomie du Tibet

par Jean-Paul Desimpelaere, le 2 mai 2010


Les Chinois ont des arguments pertinents à propos de l'autonomie du Tibet. Je traduis ci-dessous les déclarations de Zhu Weiqun, vice-directeur du ’département du front uni’ du Parti Communiste chinois. Il a été interviewé par le magazine allemand ‘Focus’ le 22 septembre 2009

“ En Chine, les régions autonomes représentent à elle seules 64% du territoire national. Dans ces régions, les minorités ethniques sont majoritaires par rapport aux Chinois Han, bien que les divers groupes ethniques y sont fort mélangés. Devrions-nous abandonner plus de la moitié de nos territoires à des conflits ethniques ?


L’autonomie régionale que nous accordons n’est pas telle que vous l’imaginez. Chez nous, l’autonomie va de paire avec l’unité du pays. Sans unité nationale, il n’y a pas d’autonomie possible pour les minorités. L’Histoire montre que, partout dans le monde, les minorités ethniques deviennent souvent le terrain de jeu des grandes puissances. Si c'était le cas chez nous en Chine, il ne serait plus du tout question d’autonomie régionale.


Le Tibet ’modernisé’, tel qu'il existe aujourd'hui, n’est pas l’œuvre des 200.000 Chinois Han qui y vivent. Ce serait tout bonnement impossible, vu l’ampleur du développement. C'est essentiellement l’œuvre des Tibétains.


Le parti communiste au Tibet ? Ce sont en majorité des Tibétains ! En général, on ne nous croit pas quand on le dit, mais c'est bien le cas, et ce sont les Tibétains qui y gèrent le développement.


En ce qui concerne la dalaï-lama, vous pensez ici, en Europe, qu’il a changé de position depuis l’époque où il soutenait les rebelles armés tibétains dans les années ’50 et ’60. Mais c’est tout le contraire. Par exemple, il n’a jamais condamné les émeutes meurtrières de mars 2008, dans une interview donnée pour AsianWeek le 6 avril 2008, il a déclaré que « les magasins des Chinois Han incendiés à Lhassa n’étaient que des bordels ».


Les puissances étrangères ne nous ont pas apporté grand-chose de bon durant la première moitié du 20ème siècle. Cela fait désormais 60 ans que nous gérons nous-mêmes nos affaires, et nous nous en sortons nettement mieux. Nous sommes parfaitement à même de régler nos problèmes internes. Accorder un prix Nobel au dalaï-lama, c’était simplement une tactique de l’Occident en vue de ’sanctionner’ la Chine.


Les journalistes qui viennent au Tibet uniquement pour nous critiquer ne sont pas les bienvenus. La porte du Tibet est ouverte, mais nous voulons que la stabilité et le progrès y règnent, pas que des fauteurs de troubles s’y installent. Il s'agit de notre pouvoir décisionnel.


Les dernières négociations organisées avec les représentants du dalaï-lama, en novembre 2008, ont échouées parce qu'elles ont été interrompues par eux, et non par nous. Les discussions sont toujours possibles, mais pas sur la base du ‘memorandum’ proposé par le dalaï-lama, car en réalité ce texte avance des exigences « d’indépendance », et non « d'autonomie poussée », comme il l'a laissé croire.


Si le dalaï-lama met fin à sa croisade internationale contre la Chine, nous pourrons parler de son retour. Mais jusqu'à présent, lors de ses visites auprès de hauts dirigeants étrangers, il ne fait que freiner les relations entre ces pays et la Chine. Il s'agit là d' interventions politiques, pas religieuses. Par exemple, il a déclaré au ‘Deutsche Welle’, le 2 août dernier, que “le Parti Communiste Chinois ferait bien de prendre sa pension”. Voilà un discours qui ne me semble pas très religieux.


Le dalaï-lama prétend qu’il veut négocier avec nous, et en même temps, il déclare que nous devrions prendre notre pension. Comment ces deux choses sont-elles compatibles ? Avoir une discussion, ce n’est pas un show. D’après moi, ce genre de déclarations lui sont suggérées par son entourage immédiat, puissances étrangères inclues, et sponsors. Un pays, que je ne citerai pas, lui a déjà offert 16,75 millions de dollars de soutien rien que pour cette année. Ce soutien oblige le dalaï-lama à respecter ses engagements.


La liberté d’expression est garantie au Tibet, sauf quand elle va à l’encontre de l’unité du pays et de l'unité entre les divers groupes ethniques. De plus, comme l'indique notre constitution, la religion et la politique doivent rester séparés, nous ne voulons pas d’un système d’enseignement parallèle (qui soit en même temps officiel et religieux, ndlr).”