"Les cavaliers du Kham"
lundi 16 mai 2011, par Jean-Paul Desimpelaere
notes à propos du livre de M. Peissel
« Les Cavaliers du Kham, guerre secrète au Tibet” Michel Peissel, Ed. Robert Laffont, 1972 Parmi les premiers livres après 1959, traitant de la question Tibétaine.
Ce livre a été pris par beaucoup de personnes comme référence. Je vous livre des commentaires, en vrac.
* carte du « Grand Tibet » : exagère la conquête de Songtsen Gampo (les Tibétains de l’époque n’ont jamais conquis la Mongolie p.ex., ni Tachkent, ni Delhi, ni Calcutta, ni le nord du Xinjiang). En plus, ce n’est pas Songtsen Gampo qui a conquis des territoires en dehors du Tibet actuel, c’est 4 générations – un siècle - plus tard. Pourtant il le décrit comme un des plus grands conquérants de tous les temps ! Et que l’empire a duré 400 ans (fantaisiste) et faisait même peur au grand Kalife arabe ! Dit que le Grand Tibet était également le « Tibet politique » jusqu’en 1850 (incorrect) ! Admet en même temps que le « Tibet du dalaï-lama » correspond à l’actuelle région autonome. Situe la « frontière » avec le Sichuan sur les rives du Yangzi p.ex, en citant Ford, ce qui est correct.
* basé sur ses séjours sur place et sur les témoignages des agents anglais (Ford, Fox et Richardson) et de George Patterson, missionnaire et agent américain à Kangding en 1950 (livre « Tragic destiny »). Pas confronté avec les sources chinoises, ni Tibétaines. Son « séjour sur place », c’est Kalimpong, ville coloniale anglaise de villégiature au Sikkim, où l’aristocratie Tibétaine (surtout Kham) se réfugiait dans les années ’50, et les bases des rebelles en Inde (Mustang,…). Son inspiration vient de la fille d’un ancien membre du Kashag, Tsarong, le plus pro-british des années 1920 et moderniste. Il voulait « remuer six siècles de poussière au Tibet ». Cela correspond à revenir à l’époque d’avant l’invasion mongole, revenir à l’état « pur » du Tibet ancien, sans les interférences et ingérences de l’extérieur, mais en « introduisant la technologie occidentale pour devenir un état puissant ». Ce Tsarong conspirait pour démettre le 13e dalaï-lama, mais c’est lui qui a été démis en 1930. Il avait donné un nom anglais à sa fille : »Betty-la », qui avait pu étudier à une école anglaise à Kalimpong. Autre source d’info : l’ICJ, « commission internationale de juristes », organe annexe de la CIA.
* il décrit Nehru comme complice de Mao. Pourtant l’armée Indienne collaborait avec les USA pour installer des camps rebelles à la frontière.
* « la résignation docile » du dalaï-lama après sa fuite : Pas si docile que ça, les USA ne lui donnaient pas assez d’armes, selon lui.
* « A cheval contre les blindés chinois » : fantaisiste, pas de blindés. Il doit également admettre (avec tout un tour de tactique) que les Khampas n’ont pas résisté en ’51, quand l’armée rouge arrivait à Qamdo, au contraire, « ils ne voulaient pas ‘donner’ des chevaux aux troupes tibétaines ». « seul 200 Khampas recrutés par l’armée Tibétaine ont massacré 500 soldats chinois lors d’une attaque surprise à la frontière », fait qui est relaté comme héroïque (pas de prisonniers, élimination complète).
* « Lhasa pilonnée au mortier », ridicule, un ou deux obus dans une mare près du Norbulingka, tiré par les rebelles.
* « Himalaya, un mur plus lourd de honte que celui de Berlin » : l’inspiration du livre est claire : l’anticommunisme, faire tomber ce mur et prendre possession de ce qui se trouve derrière.
* il décrit le Tibet, même à partir du Kham, comme « immense vide désertique ». Où étaient les arbres alors, que les chinois auraient coupés par après ?
* il « compte » 7 millions de Tibétains en 1949. Mais incluant Mustang, Sikkim, Bhutan, un tiers du Népal, une partie de la Birmanie, de la Chine et de la Mongolie. Manipulation facile. Le premier chapitre porte le titre « génocide » sans l’expliquer. En même temps il décrit les Khampas comme « un peuple ayant toujours été indépendant, race très différente des Tibétains, sans yeux bridés, de grande taille, presque comme des Européens ou les Peaux Rouges du cinéma ». « La peau de léopard leur donne un air de vrai guerrier » ! « La majorité des Khampas ne considérait pas le dalaï-lama comme l’héritier de plein droit du trône de Songtsen Gampo » « Etant des adeptes du lamaïsme ‘non réformé’ des bonnets rouges. » « Pour ces nomades, le fusil signifiait espoir et survie ; mais fusils et munitions ne pouvaient s’obtenir que par le pillage. » « C’était pour protéger les grandes caravanes que les princes et les seigneurs avaient érigé les nombreux forts. » « La chasse à l’affût des gazelles et l’attaque des caravanes leur avaient donné la maîtrise absolue de leurs fusils, si antique et défectueux qu’ils fussent. » Tiens, ce ne sont pas les mauvais chinois qui tuaient les gazelles ?
* ne parle pas des invasions anglaises (destruction des forteresses).
* thèse : « la Chine était forte quand c’étaient des barbares qui occupaient le trône et ayant Lhassa comme centre spirituel ! »
* en ’50, les chinois auraient proposé à Thubden Norbu, le frère du dalaï-lama, abbé de Kumbum à l’époque, d’aller négocier avec le 14e DL, et « d’utiliser éventuellement de la force, voire de l’assassiner ». Comique ce que la propagande occidentale lançait au début des années ’70.
* « le monastère de Qamdo fut fortement endommagé par le seigneur de guerre au Sichuan, dans les années ’30. »
* Ma Pu Fang (seigneur du Qinghai) s’était enfui à Hongkong en 1950 ??
* Ngabo est évidemment décrit comme un « traître qui n’a pas voulu lancer l’entièreté du peuple Kham contre l’armée rouge et qui a même fait sauter l’arsenal. » Mais il reconnaît que Qamdo a été pillé par les brigands Kham, avant l’arrivée des chinois. Et que l’armée chinoise était exemplaire, une « armée de bouddhas ».
* « En dépit de l’apparence féodale de la société tibétaine, il n’existait dans le pays aucune haine de classe comparable à celle qui sévissait en Chine » « pour féodal qu’il pût paraître, le système n’était pas du tout oppressif » « On y professait un grand respect pour tous les individus sans égard pour leur condition sociale » Si cela n’est pas idéaliser… Quelques pages avant il avait décrit les Khampas comme n’ayant foi que dans leur fusil. « Le Tibet était un pays dépourvu de toute économie monétaire… Les différences dues à la fortune étaient minces » « Le paysan tibétain était libre de faire ce que bon lui semblait de sa terre, de son argent, de sa personne. Son unique obligation était de payer l’impôt sur la terre, en espèces ou en services. » Mensonge grossier. Les paysans étaient la propriété des seigneurs, contrats écrits à l’appui. Lui, il dit que la notion « serf » ne correspond pas à la réalité.
* des exemples exagérés d’atrocités dès 1953 au Sichuan. « Dans une bourgade, sur 500 propriétaires de terriens, ou censés tels, 300 furent abattus d’une balle dans la nuque. Pâle avant-goût des atrocités incroyables qui allaient suivre : assassinats en masse, déportations d’enfants et tortures publiques. » Il dit aussi que l’envoie en masse de colons chinois au Kham et en Amdo date de cette époque. « une invasion de sauterelles humaines » Pourtant il montre une offensive propagandiste dans la presse taiwanaise et américaine, lors de la visite du DL à Beijing en 1954, relatant des atrocités au Kham. Il dit que pendant « l’insurrection de 1956 les colons chinois ont été chassés et beaucoup mourraient de froid et de faim en cours de fuite. » Et il en est fier. « les soldats chinois furent égorgés. »
* Epouse la thèse que les communistes chinois ont « annexé » pas seulement le Tibet, mais aussi la Mongolie et le Xinjiang, thèse répandue actuellement dans le réseau international (américain) du DL.
* « Rapgya Pangdatsang (Kham) et Gompo Sham (Amdo), tous les deux à Kalimpong en 1954, s’adressent aux Américains et puis, insatisfaits, aux Taiwanais, afin de financer une rébellion. » « Pangdatsang : le commerçant le plus riche du Kham, ancien fonctionnaire à Lhassa, expulsé à cause de la création de son parti progressiste tibétain, indépendantiste Kham. » « Lukhangwa, premier ministre sous 14e DL, destitué par celui-là, s’enfuit à Kalimpong et est un des premiers à vouloir organiser une rébellion armée. » « les frères Pangda, ensemble avec les deux frères du DL, ont organisé le transport d’armes provenant de l’Inde. » « Première aide des américains via Taiwan » « Gyalo Thondup a épousé une taiwanaise, conseillère de Tchang Kai Chek » La bataille de Litang : « bombardements pendant que toute la population était dedans (6.000), après 60 jours de veines tentatives des chinois à prendre le monastère. » Son info : ICJ (CIA). Mais deux phrases plus loin, il reconnaît que les gens ont pu « s’échapper, ont été pris prisonniers et vite relâchés. » Alors quoi ? Bien qu’il cite l’ICJ : « 250 monastères détruits ». « Un seul mot du DL et le Tibet entier se fût sans doute dressé contre les chinois. Le fait qu’il n’ait pas agi, pas parlé, ni pris la tête de son peuple pour le mener au combat, constitue peut-être la plus grande tragédie de toute l’histoire du Tibet » Aux armes, quoi. « Le DL porte une lourde responsabilité d’avoir failli à soutenir les Khampas. Il continua même à prêcher contre leur croisade. » Son ami Tsering (qu’il a vu à Kalimpong), un des nobles des Khampas à Qamdo, raconte (repris dans les mémoires du 14e DL) « en 1955( ?) 150 dirigeants Kham furent par ruse emprisonnés par les militaires chinois, qui voulaient les forcer à changer la structure sociale » « Ils finirent par s’échapper, ce fut le tournant historique : l’unification des Khampas dans la rébellion » « les moines avaient été parmi les premiers à déterrer leurs armes. Dans ceux des sanctuaires qui n’en avaient pas ce fut dans les chapelles que les moines allèrent prendre les longs sabres et les dagues des mains des divinités ou les mousquets suspendus aux murs et offerts par des brigands repentants. » « 2000 chinois le nez coupé par les rebelles au Qinghai » N’importe quoi. Défend également que « Aksai Chin était territoire indien et que la route construite par les chinois et venant du Xinjiang était une violation du territoire de l’Inde. » Pourtant « le calme complet régnait à Lhasa en 1956, ce qui explique que la presse internationale ne s’en inquiétait pas. » « Patterson, sacré défenseur de l’indépendance du Tibet : il n’y avait pas un seul membre du gouvernement à Lhassa, qui fut prêt à sacrifier dix minutes de leur temps, sans parler de leur fortune, de leur position ou de leur vie à la cause des Khampas ou à la lutte contre l’envahisseur. » « ceux de Lhassa : les bouches d’or, selon les Khampas ». « Lhassa s’amusait ». Belle description de la vie de l’élite à Lhassa (C’est Betty-la, la belle-sœur du premier ministre du Bhutan, qui le lui raconte). Le 14e DL est décrit comme « mal conseillé, naïf et manquant d’esprit de décision » durant la période ’50-’59. « Il avait oublié les avertissements du grand 13e DL » contre une Chine rouge. « Il voulait se retirer dans la prière et l’exil en Inde, dès 1956, lors de sa visite en Inde pour le 2500E anniversaire de la naissance de Bouddha. » Tandis qu’on sait maintenant qu’il ne voulait pas aller en exil en Inde, mais aux Etats-Unis, pour y avoir un allié fort pour l’indépendance.
* « les chinois ont concédé de retarder les réformes démocratiques à cause de l’insurrection. » !!
* « L’un après l’autre, des coups tombèrent sur les Khampas. En 1957, ils finirent par se rendre compte que, pour réussir, il leur fallait forcer le sanctuaire du DL, au besoin par les armes et s’assurer le contrôle du Dieu-Roi ».
* « les bombardements massifs des chinois au Kham et en Amdo ont rendu les rebelles bien armées combattant efficacement ». Contredit maintenant par des ex-rebelles dans leurs mémoires. « Constitution de l’AVDN, l’armée des volontaires de la défense nationale. Aussi appelée : Ten Dzong Ma Mi ( ?), les soldats de la forteresse de la Foi, ou Chushi Khang Druk, quatre fleuves et six montagnes ». « Les Khampas pouvaient circuler librement sur plus de 90% du territoire » Contredit maintenant. Et lui-même décrit ailleurs que « les rebelles étaient coupés de leur familles pendant des années parfois ». Comment est-ce possible s’ils contrôlent le terrain ? Car il écrit encore un peu plus loin : « Vers le milieu de 1958 les Khampas étaient maîtres absolus de tout le sud-est du Tibet. » « raids aériens fréquents » il n’y a en plus eus après 1956 et ils étaient limités au Sichuan. « ils survivaient dans les steppes en chassant la gazelle et en buvant du lait de jument » On voit qu’en 1972 (parution du livre) les indépendantistes n’utilisaient pas encore la gazelle comme victime chinoise ! Explique comment les rebelles recevaient des armes à travers Taiwan et Kalimpong. Récit journalistique d’atrocités des chinois face à l’avancée des rebelles, basé sur ICJ et les « témoins » des aristocrates Tibétains à Kalimpong (dans leur villa avec piscine, comme Betty-la).
* 1959, Lhassa. « Les rebelles étaient nombreux à Lhassa et se promenaient armés dans les rues » Officiers de liaison de la CIA disent l’inverse : peu et se cachant. Un lama guerrier de Yushu « tente de convaincre le DL à se joindre à la rébellion ». Il se base pour cela sur un journaliste anglais de guerre, noël Barber, qui était en Inde et écoute les « témoignages » - toujours les mêmes – des réfugiés aristocrates. Tashi Tsering, qui les « récoltait » pour le frère CIA du DL et pour l’ICJ a décrit les « inventions et exagérations », ainsi que patrick French de Free Tibet. Il dit que les gens qui entouraient le Norbulingka pour empêcher le DL de se rendre aux chinois étaient en partie armés. Faux, selon mainte recherche et récits par après. « Les Khampas ont décidé que le DL devait quitter Lhassa ». Faux, ce sont les USA, comme leurs officiers en témoignent. Le DL, quant à lui, il dit que c’est l’oracle.
* 1959, la fuite. « Ensuite, le DL bénit les khampas, dont la croisade recevait enfin l’approbation du Dieu-Roi. A présent c’était la guerre sainte, déclarée avec l’acquiescement de la sainte incarnation de Chenrezig. Les Khampas venaient de remporter leur plus grande victoire. » « mensonge délibéré de Nehru, qui recevait beaucoup de télégrammes relatant les atrocités à Lhassa (les rues jonchées de morts) et qui n’en informa pas le monde, les niait même dans son propre parlement ». En fait, il n’y avait que Patterson qui essayait de gonfler l’affaire. « Les gens de Lhassa se sont battus à l’aide de cocktails molotov » (anachronisme). Tout d’un coup il n’y a presque plus de Khampas à Lhassa, pour résister, « moins que 1000 ». « 50 tanks chinois à Lhassa, qui ont canonné le Potala, où s’était retranché le comité de libération », je crois qu’il n’y a jamais eu des tanks (trop loin, trop haut), autres sources n’en font pas état, ni d’un assaut du Potala. C’est de la rêverie putschiste d’un journaliste anti-communiste. Mais « les invulnérables murailles du Potala n’étaient pour ainsi dire pas égratignées » !!!!! Miracle. En fait la rébellion a duré moins d’une semaine (19-22 mars 1959). Et ils contrôlaient soi-disant tout le territoire ! Et l’auteur parle de 5000 morts, tandis que des décennies après on (le DL) dit maintenant 80.000 !! « Pendant que Lhassa capitulait, le DL poursuivait son voyage vers le sud. Qu’allait-on faire de lui ? La question n’était pas tranchée ». Les USA savaient très bien. « En fait le DL s’était enfin souvenu qu’il était, de naissance, un homme de l’Amdo, sinon un Khampa, et qu’il appartenait donc aussi à la Race des Rois ». !!!! « Ainsi donc le DL, d’abord docile instrument des Chinois au Tibet, devint-il l’otage à contrecoeur, puis consentant, des Khampas, et enfin l’hôte jugulé et silencieux de l’Inde. »
* « C’est dans la villa du premier ministre du Bhutan que j’entendis pour la première fois un récit détaillé des événements du Tibet, et ce, de la bouche des fils et filles des grands seigneurs de Lhassa. » Belle source d’info. « le génocide » apparaît. Sa source : ICJ, qui d’ailleurs ne parle que de « génocide culturel ». Le mot « culturel » est disparu et le chiffre de 69.000 du DL est mis en avant.
* La bataille de Loka est décrite héroïquement exagérée. Cfr version CIA, qui était désespérée. Présente le conflit avec l’Inde comme une attaque impérialiste de la Chine, tandis que le NEFAT était Tibétain Chinois, puis il le contredit plus loin. Décrit la guérilla comme omniprésente après 1960, tandis que leurs fournisseurs, la CIA, dit le contraire. Décrit la rupture URSS-Chine ayant comme cause l’expansionnisme de la Chine !!! Pointe l’URSS comme principal aide pour les Tibétains et allié (puisqu’ils poussent le Xinjiang à l’indépendance.)
* Délire complètement à propos des actes des rebelles à partir de 1961 : « partout » et décrit en même temps le chef Kham Tsering comme « brisé, désillusionné ». Il rencontre pour la première fois un chef rebelle (Osher) à Bodnath au Népal. L’auteur a 27 ans, le chef aussi.
* Décrit très bien le conflit Inde-Chine, mais pour prouver que les chinois n’ont pas poussé plus loin en Inde à cause de la rébellion des Khampas chez eux !!!
* Patterson filme en 1964 une embuscade d’un camion chinois au départ de Mustang, Fait relaté par la CIA également, mais qui dit que c’était +/- la seule vraie incursion. L’auteur a passé un certain temps dans le camp de Mustang. A part cela, il n’a jamais mis un pied au Tibet, ni au Sichuan ou Qinghai en écrivant ce livre. Litang est décrit par lui comme « partiellement » détruit, tandis que avant il disait « totalement ». Le fait que Taiwan aide Mustang sème de la discorde dans les rangs. Il dit avoir travaillé pour « des services secrets de grandes puissances ».
* « 1965 : une nouvelle révolte générale ébranla le Tibet, une bonne partie du Tibet avait repris les armes. Des centaines de fonctionnaires chinois furent assassinés, des garnisons attaqués ». Invention. Il semble dire par après que c’est limité à Lhoka. Correspondance avec nouveaux parachutages ? « Les Khampas avaient 80.000 hommes sous les armes au Tibet même. » La CIA parle de quelques dizaines, qui ne recevaient plus l’appui de la population. « 1964 : nouveau palais du peuple à Lhassa incendié par la population » ? « panchen lama disgracié »
* « les Khambas en exil, en 1966, ouvertement incorporés dans des brigades spéciales indiennes, armées en partie par la Russie ». La CIA dit qu’ils donnaient des armes russes aux rebelles pour camoufler leur propre implication. « Parachutages soviétiques » au Qinghai. Invention hilarante. « Dans les camps de réfugiés en Inde : les Tibétains simples y mouraient. Tandis que les aristocrates s’en foutaient »
* « les gardes rouges chinois » pas tibétains ? « Ils s’attaquaient aux temples et à l’APL » ! Autres récits fantaisistes sur la RC. Finit le livre en disant que la rébellion est « partout » en 1970. Réalité : plus rien (confirmé par la CIA). Il donne aussi un extrait du testament du 13e DL, sans le passage qui appelle à renforcer l’armée Tibétaine pour défendre les frontières.
Remarque (conclusion)
Un auteur bien au courant des implications internationales dans le conflit du Tibet de 1950 à 1970. Beaucoup de données correspondent en partie à des faits précis, mieux connus maintenant du public grâce aux documents « libérés » anglais, américains, chinois, e.a. Il n’a jamais mis un pied au Tibet avant la sortie de son livre. Ses sources sont les réfugiés aristocrates, les services de renseignements occidentaux (ICJ principalement), au Népal, en Inde, au Mustang, au Sikkim. Et quelques chefs en exil du Kham. Il est plus anti-communiste qu’anti chinois. Son livre commence avec cela (« himalaya, un mur plus lourd de honte que celui de Berlin ») et le finit avec le testament du 13e DL (« le plus grand danger ce sont les rouges »). Et il est partisan de l’indépendance du Xinjiang et de la Mongolie, comme les anti-communistes à l’heure actuelle. Le gros de son livre : l’épopée de « la Race des Rois », les Khampas dont il fait des héros hors mesure. Il cache l’intervention des anglais et des américains. Par contre il invente celle de l’URSS. Partisan du « Grand Tibet », il veut en revenir à l’époque avant les Mongols, où l’institution « DL » n’existait pas encore. Mieux vaut un grand roi guerrier qu’un lama « à la bouche d’or ». Et selon lui, les serfs étaient libres. En pleine période de défaite des américains au Vietnam, l’auteur essaie de présenter (déformer) le Tibet en « Vietnam chinois » (la Chine « impérialiste »). C’est typique pour l’époque : la guérilla était bien cotée parmi les intellectuels occidentaux (mouvements de libération dans beaucoup de parties du monde). La sauce de la haute spiritualité, la liberté de religion, la non-violence, les droits de l’homme, la démocratie, l’écologie ne sont venus s’ajouter que fin des années ’80. Les autres éléments de la propagande contre la Chine sont déjà présents : invasion et occupation militaire, génocide, chauvinisme Han, immigration en masse de Han dans les villes. Et un récit complètement fantaisiste de la « Révolution Culturelle », où il profite du manque de données claires (elle était encore en cours lorsqu’il écrivait) pour raconter n’importe quoi qui peut lui servir dans sa croisade contre le communisme. Ce n’est pas un livre romancé et vaillant (partant des Khampas), mais un document bien inspiré et soufflé par la ligne politique américaine de l’époque, car il dispose de renseignements parfois précis, qui n’ont été révélé par les américains que 20 ans après (les lieux de parachutages d’armes p.ex.).