Comment peut-on comprendre la violence au Xinjiang ?

par Peter Franssen, le 11 juillet 2009

À Urumqi, capitale de la province du Xinjiang, dans le nord-est de la Chine, il y a eu 156 tués. Cela s’est passé lors d’une émeute qui a duré trois jours et qui a éclaté à l’occasion de la mort de deux travailleurs ouïgours du Xinjiang, qui travaillaient dans une usine de la province méridionale du Guangdong. Ils ont perdu la vie au cours de troubles ayant éclaté suite à une fausse rumeur accusant des Ouïgours d’avoir violé deux femmes. À Urumqi, des jeunes Ouïgours se sont « vengés » en allumant des incendies et en commettant des homicides à travers la ville. La population chinoise est sous le choc de ces événements horribles.

 

Une femme monte dans un bus avec son bébé sur les bras. Un jeune Ouïgour la maintient immobile et fracasse le crâne du bébé à coups de pierre. Un groupe de quinze à vingt personnes s’en prend à un cycliste et le tabasse à mort à coups de pied. Un autre groupe tente de faire la même chose avec un couple de personnes assez âgées qu’il a sorties d’un taxi. Des passants parviennent à emmener le couple.

Un commerçant veut fermer sa boutique quand il voit une dizaine de jeunes armés de couteaux, de bâtons et de pierres envahir sa rue. Il n’a pas le temps de se mettre à l’abri que les jeunes le poussent à l’intérieur et boutent le feu au petit bâtiment. Une autre bande empêche le passage d’un bus. Les passagers doivent s’enfuir pour rester en vie. Deux d’entre eux n’y arriveront pas – ils mourront dans la rue.

Il y a des dizaines d’histoires et de témoignages de ce genre. L’horreur en plein jour. Aux États-Unis, Rebiya Kadeer tente de rejeter la faute sur le gouvernement chinois, « car la police et l’armée sont intervenues de façon particulièrement répressive ». Kadeer dirige le World Uyghur Congress (Congrès international ouïgour - WUC), une coupole d’organisations qui veulent que la province du Xinjiang se détache de la Chine.

Mais madame Kadeer est loin de faire l’unanimité. Il y a trop de photos et de films qui montrent comment de jeunes Ouïgours ont sur la conscience ces morts violentes.

B. Raman, un ancien secrétaire du gouvernement de l’Inde, est très bien informé et écrit sur son blog : « Les rapports émanant de la ville montrent comment les troubles ont commencé par une manifestation d’Ouïgours dont on sait qu’ils sympathisent avec le WUC.

Peu après le début de la manifestation, celle-ci a été rejointe par des intégristes musulmans loyaux au Mouvement islamiste du Turkestan oriental, une organisation liée à al-Qaïda. Tout de suite après, les violences ont éclaté contre les Chinois han. » Mais comment peut-on comprendre une telle débauche de violence ?

La province du Xinjiang et l’Asie centrale

La province du Xinjiang, dans le nord-ouest de la Chine, couvre un sixième du pays. Elle est deux fois plus vaste que le Pakistan et sa densité de population est très faible : 20 millions de personnes à peine y vivent, dont 8 millions d’Ouïgours.

En Chine, il s’agit d’un groupe ethnique minoritaire, apparenté aux Turcs. Le pays compte 55 minorités ethniques. La plupart des Ouïgours sont musulmans.

Le Xinjiang est limitrophe de six pays où l’on trouve une forte majorité musulmane : l’Afghanistan, le Pakistan, le Kazakhstan, la Kirghizie, le Tadjikistan et l’Ouzbékistan. En compagnie du Turkménistan, ces quatre derniers pays forment le groupe de cinq pays de l’Asie centrale qui, jusqu’en 1991, ont fait partie de l’Union soviétique et constituent un pont entre la Chine et la Russie.

Depuis 1759, la province du Xinjiang a appartenu à la Chine sans interruption, sauf entre 1932 et 1934 et entre 1944 et 1948, quand, en raison de la guerre, le pays avait été frappé par le chaos.

Dans cette province du Xinjiang, les gens d’origine ouïgoure constituent 45 pour cent de la population.

Les Chinois han, le plus important groupe de population de la Chine, représentent 40 pour cent. Les 15 pour cent restants sont composés d’autres groupes ethniques minoritaires, comme les Chinois hui.

Xinjiang est sans doute la province la plus vulnérable du pays. Elle a 5.000 kilomètres de frontières communes avec des pays qui sont tout, sauf stables. Depuis trente ans, les États-Unis essaient d’assurer leur contrôle sur cette région. C’est pourquoi, depuis 1979, la guerre y sévit en permanence.

Celui qui dominera cette région dominera en même temps le bas-ventre de la Russie et, plus important encore, le chaînon entre l’Europe et l’Asie. L’Afghanistan, le Pakistan, la province du Xinjiang et les cinq républiques de l’Asie centrale sont cruciales pour le contrôle de la région du monde la plus vaste, la plus riche et la plus peuple : l’Eurasie.

En 1997 est sorti aux États-Unis un bouquin qui a fait beaucoup de bruit. Il a été rédigé par Richard Bernstein et Ross Munro et s’intitule « The Coming Conflict with China » (Le conflit à venir avec la Chine). À la page 5, on peut lire ceci : « Depuis un siècle déjà, les États-Unis tentent d’empêcher qu’un seul pays asiatique puisse dominer la région. C’est précisément ce que la Chine est occupée à faire aujourd’hui. Les intérêts américains sont ici en jeu. »

Le vieux stratège américain Henry Kissinger déclarait, deux ans plus tard : « Le domination sur l’une des parties eurasiatiques – l’Europe et l’Asie – par un seul pays constitue un danger stratégique pour les États-Unis. Car, ainsi, ce pays aurait la capacité de dépasser les États-Unis économiquement et militairement. Et, quoi qu’il en soit, nous devons combattre ce danger. »

Un autre vieux briscard dans ce domaine n’est autre que Zbigniew Brzezinski. Il est aujourd’hui conseiller du président Barack Obama. Dans son fameux ouvrage, « Le grand échiquier », il écrit : « Tous les défis politiques et économiques potentiels de l’Amérique sont eurasiatiques. »

Dans une interview accordée à l’hebdomadaire Le Nouvel Observateur, Brzezinski admettra en 1999 qu’en 1979, lui et le président Jimmy Carter avaient provoqué la guerre de l’Union soviétique en Afghanistan. Brzezinski : « C’était quand même une idée brillante ! Les Russes sont tombés dans le piège afghan et vous voudriez que j’en éprouve du regret ? »

Trente ans et des millions de morts plus tard, on peut regarder en arrière. La guerre contre l’Afghanistan a été le début d’une cascade de conflits : la guerre contre l’Union soviétique, la lutte post-djihadique pour le pouvoir en Afghanistan, la guerre civile au Tadjikistan, l’agitation terroriste en Asie centrale, dont la province chinoise du Xinjiang reçoit également sa part.

Le terrorisme, l’arme des Américains

L’« idée brillante » de Brzezinski consistait dans le soutien militaire et logistique de ceux qui, plus tard, deviendraient les Taliban et qui, aujourd’hui, s’appellent toujours « al-Qaïda ». Le Nouvel Observateur posait à Brzezinski la question que voici : « Mais vous avez soutenu l’intégrisme musulman. Vous avez donné des armes à de futurs terroristes. Vous n’en éprouvez aucun regret ? » Réponse de Brzezinski : « Et pourquoi donc ?

Qu’est-ce qui s’avérera comme la chose la plus importante, dans l’histoire : les Taliban ou l’effondrement de l’empire soviétique ? »

La tactique des Américains consistait donc à armer les intégristes musulmans. Non seulement en ne tenant pas que l’Afghanistan à l’œil. En 1999, l’écrivain et spécialiste de l’islam Dilip Hiro résume la chose dans le journal The Nation : « L’intention est de créer un mouvement qui, avec un mélange de nationalisme et d’extrémisme religieux, doit être en état de gagner toute l’Asie centrale. » À partir du milieu des années 80, pour accélérer ce processus, des unités de moudjahidine quittent l’Afghanistan pour gagner les républiques voisines de l’Ouzbékistan et du Tadjikistan.

On peut le lire à la page 170 de l’ouvrage très encensé, « L’ombre des Taliban », d’Ahmed Rashid. Les Américains confient la direction de cette opération à Gulbuddin Hekmatyar, un proche ami d’Osama Bin Laden.

Leur mission : déstabiliser via des attentats terroristes. Dès la fin des années 80, c’est ce qui se produit aussi dans la province chinoise voisine, le Xinjiang.

Un terrorisme n’est pas l’autre

Le revue Terrorism Monitor écrit, le 21 avril 2005 : « Il y a suffisamment de preuves pour affirmer que, dès le début des années 90 jusqu’à nos jours, un puissant cocktail de drogues, d’extrémisme islamiste et d’armes a pénétré au Xinjiang via l’Afghanistan, l’Asie centrale et le Pakistan. » On peut en lire les retombées dans la revue China Brief en avril 2004. Le spécialiste russe de l’Asie centrale, Igor Rotar, y écrit : « Dès le début des années 90, un puissant mouvement séparatiste clandestin est actif ; il a commis un très grand nombre d’attentats et d’attaques militaires, tels les attentats à la bombe contre des bus à Kachgar, en 1990, et dans la capitale Ouroumtsi, en 1992, un attentat militaire à Barin, en 1990, un soulèvement à Khotan, en 1995. En 1997, à Inin, ont éclaté des combats de plusieurs jours contre la police antiémeute : 55 Chinois et 25 Ouïgours y ont perdu la vie. » Après l’émeute d’Inin, des bombes ont explosé jusque dans la capitale Beijing.

En décembre 2000, l’armée chinoise essaie de neutraliser les cellules terroristes clandestines. À la frontière entre le Pakistan et le Xinjiang, elle arrête 200 militants lourdement armés.

En avril 2001, à Kachgar, des terroristes tranchent la gorge du procureur et de sa femme. Le même mois encore, suit un attentat à la bombe dans une usine. En janvier 2005, 11 personnes perdent la vie dans un attentat à la bombe contre un bus, à Karamay. Au cours des mois précédents les Jeux Olympiques de 2008, divers attentats font 39 morts. Les terroristes font circuler une vidéo dans laquelle ils revendiquent la responsabilité d’un attentat à la bombe contre deux bus à Shanghai, d’un attentat contre un poste de police à Wenzhou, d’un autre encore contre une usine à Guangzhou et de deux autres enfin contre deux bus à Yunnan.

Assez bizarrement, les États-Unis ne sont pas trop chauds dans leur soutien à la lutte des Chinois contre le terrorisme. On pourrait penser, après les attentats contre les tours jumelles du WTC, en 2001, que les Américains vont considérer la lutte contre le terrorisme comme une priorité absolue et qu’ils vont aider la Chine en conseils et en actes, d’autant que les liens sont confirmés entre al-Qaïda, les Taliban et le terrorisme au Xinjiang.

Mais ce n’est sans doute pas ainsi que va le monde. Dans un passé récent, les Américains ont engagé des terroristes en tant que pions sur leur échiquier. Les terroristes ont été très utiles en Afghanistan, dans les années 80. Pourquoi ne pourraient-ils plus l’être aujourd’hui en d’autres endroits de la planète ? Le président Ronald Reagan disait des intégristes musulmans qu’ils étaient des combattants de la liberté. Bush les a traités de terroristes.

Pour les Américains, ils peuvent très bien redevenir des combattants de la liberté mais, dans ce cas, au Xinjiang.

En décembre 2002, le vice-ministre américain Lorne Craner déclare : « La lutte contre le terrorisme ne doit pas être un alibi pour des violations des droits de l’homme, comme la Chine en commet au Xinjiang. » Voilà ce qui sort de la bouche d’un vice-ministre dont le gouvernement organise des camps de torture et met sur pied des tribunaux militaires ! En fait, Craner voulait mettre les Chinois en garde : « Doucement, avec la lutte contre le terrorisme. »

Francis Taylor, le coordinateur du terrorisme au ministère américain des Affaires étrangères, disait même, en décembre 2001 : « Les aspirations économiques et sociales de la population en Chine occidentale ne répondent pas nécessairement à l’appellation de terrorisme et doivent plutôt se résoudre politiquement que par des méthodes contre-terroristes. » Au Xinjiang, entre 1985 et la date de ce discours, les attentats avaient fait 200 morts.

Manifestement, aux yeux du gouvernement américain, un terrorisme n’est pas l’autre.

C’est ce qui est apparu une fois encore avec le dossier de 22 Ouïgours arrêtés en Afghanistan. Cela s’est passé en 2002 et 2003, après l’invasion de l’armée américaine en Afghanistan. Après leur arrestation, les 22 hommes ont été transférés à la prison de Guantanamo. Là, il s’est avéré qu’ils avaient été formés militairement dans des camps d’al-Qaïda. Cinq ans plus tard, les 22 hommes ont été libérés. Parce que – dixit le commandement militaire américain – ils ne constituaient aucun danger pour les États-Unis. « Ils n’ont pas été formés pour combattre notre pays », a-t-on dit. Très juste.

La Chine a demandé avec insistance et à plusieurs reprises qu’on lui livrât ces 22 hommes. Les Américains ont refusé. Les autorités chinoises ne sauront donc pas qui les a recrutés, ni comment ni où, au Xinjiang, ni quels liens ils ont dans la province, ni ce qu’ils avaient l’intention de faire à l’issue de leur entraînement militaire en Afghanistan…

Notre peuple d’abord

La principale organisation terroriste est l’East Turkestan Islamic Movement (Mouvement islamiste du Turkestan oriental - ETIM). L’ETIM n’est pas seulement intégriste musulman. L’organisation lutte également pour la sécession du Xinjiang, qu’elle désigne du nom de Turquie orientale. L’ETIM s’oppose à la « hanification de la Turquie orientale », visant ainsi la présence des Chinois han. L’idéologie raciste de la sécession, c’est celle de « notre peuple d’abord ».

On rencontre la même idéologie chez le dalaï-lama, qui se bat pour un Grand Tibet débarrassé de la présence des Chinois han.

Depuis le développement économique qui, voici trente ans, a connu une accélération plus élevée, la part des Ouïgours dans la province du Xinjiang diminue. Bien d’autres Chinois se rendent dans cette province parce qu’on y trouve d’importantes réserves de pétrole, de gaz et de minéraux. Les Chinois han qui y débarquent sont tenus à la politique d’un seul enfant voulue par la Chine. À l’instar des autres minorités, les Ouïgours, eux, peuvent avoir plusieurs enfants.

C’est l’une des formes de discrimination positive dont ils font l’objet. Pourtant, leur proportion dans la population baisse. L’exploitation du pétrole et du gaz dans la province et, depuis peu, la mise en place du secteur de l’énergie verte requièrent un savoir-faire technique que les Ouïgours ne maîtrisent pas. C’est également le cas pour l’énorme infrastructure dont cette économie a besoin. La révolution économique a débuté voici trente ans sur la côte est de la Chine.

Aujourd’hui, elle gagne les confins les plus éloignés du pays – Urumqi est à 4.000 kilomètres de Beijing – et ses vecteurs sont la formation et l’expérience qu’on acquiert dans l’est. La revue China Brief écrit par la plume d’Ahmad Lutfi que cette évolution est inévitable à moins qu’on ne veuille paralyser le progrès économique et la hausse du niveau de vie.

Les autorités essaient de protéger la culture des Ouïgours : ils reçoivent un enseignement dans leur propre langue et, à tous les niveaux de pouvoir, ils sont assurés d’avoir des représentants, ils ont leurs propres journaux, leurs chaînes de radio et de télévision dans leur propre langue…

L’estoc de l’épée

Mais, comme partout où des gens coexistent, il y a des contradictions et c’est certainement le cas lorsque ces personnes sont d’« origine étrangère ». L’organisation terroriste ETIM en use ici à mauvais escient. Tout comme le World Uyghur Congress de madame Rebiya Kadeer. Le WUC est un mouvement séparatiste.

Il a le soutien des États-Unis et de l’Allemagne. En 2004, le président Bush a confié à son administration la tâche de soutenir financièrement le WUC par l’entremise du National Endowment for Democracy, le NED, qui n’est autre qu’une organisation sœur des services de renseignement américains, la CIA.

À la fin des années 70, la CIA a été mise en cause après qu’on eut découvert comment l’organisation engageait des escadrons de la mort au Vietnam et avait fomenté et orchestré le coup d’État contre le président chilien Allende. Dans le tourbillon de ces scandales, il a été décidé de transférer une partie des activités de la CIA dans une nouvelle organisation qui sera dès lors affublée de l’appellation cynique de National Endowment for Democracy, Fondation nationale pour la démocratie.

Les activités de la CIA transférées au NED consistent à fonder et financer des partis politiques bien disposés à l’égard des États-Unis, à organiser des mouvements citoyens contre des gouvernements jugés indésirables par Washington, à financer et encadrer des organisations et individus dans les médias, l’enseignement, le secteur culturel… Bref, à créer et encadrer un mouvement de société contre des mouvances politiques ou des gouvernements qui suivent une autre ligne que celle de Washington. On peut aussi qualifier tout simplement la chose d’ingérence brutale dans les affaires de politique intérieure d’autrui.

En 2004, le World Uyghur Congress reçoit 75.000 dollars. Le 9 juillet, le Washington Post a fait savoir qu’en 2008, le WUC et les groupes gravitant autour de la présidente Kadeer ont touché 550.000 dollars. Le prédécesseur de Kadeer à la présidence du WUC était Erkin Alptekin.

Avant de devenir président, en 2004, il avait été vice-directeur durant vingt ans de Radio Free Europe/Radio Liberty (RFE/RL) à Munich. RFE/RL est un émetteur de propagande de la CIA. En 2003, avec l’aide de RFE/RL, notre homme sortait un livre remarquable par son hostilité rabique à l’égard du communisme et de la Chine. Sidik Rouzi, le mari de l’actuelle présidente Kadeer, travaille pour Radio Free Asia, un autre émetteur de la CIA. Cette radio diffuse entre autres des messages de haine en langue ouïgoure.

Le professeur Rohan Gunaratna, du Centre international de recherche sur le terrorisme, écrivait voici quelques jours dans le New York Times : « La propagande de l’East Turkistan Islamic Movement (ETIM) sème la haine parmi la population et incite à la violence. » On peut dire la même chose de la propagande de madame Kadeer et consorts.

En France, en Belgique, aux Pays-Bas, en Allemagne, en Italie, en Grande-Bretagne, en Espagne, en Autriche, ces dernières années, des immigrés et des réfugiés ont été poignardés, leurs maisons ont été incendiées, on les a piétinés, abattus. Pas une seule fois, ce n’a été Jean-Marie Le Pen qui a planté le couteau, Jörg Haider qui a pointé la carabine ou Filip Dewinter qui a lancé la bombe.

Mais ne sont-ils pas les premiers responsables ?