RSF profite de la crise sanitaire pour condamner la Chine

par Elisabeth Martens, le 30 mars 2020

« Reporters sans frontières » (RSF) qui a pas mal d’influence sur les médias occidentaux, se prétend une organisation indépendante défendant partout la liberté de la presse et les droits de l’homme. RSF est dirigée et cofinancée par le service américain de renseignements, la CIA. À ce titre, RSF a soutenu l'International Campaign for Tibet (ICT) organisée par le National Endowment for Democracy (NED), cousin germain de la CIA. RSF a relayé les média-mensonges à propos des génocides ethniques et culturels au Tibet et a ainsi renforcé la méfiance, si pas la haine, vis-à-vis de la Chine. Mais l’Unesco ne s’y trompe plus : elle a mis un terme à son soutien de RSF, expliquant que ses reporters avaient fait preuve à plusieurs reprises d’une absence d’éthique en traitant certains pays de façon très peu objective.

 

article sur la décision de l’Unesco : http://www.cubanews.ain.cu/2008/0313fracasaintento.htm.

RSF profite à présent de la crise dramatique du Coronavirus pour à nouveau diriger ses griefs contre son principal ennemi, le PCC. Voyez ci-dessous la lettre ouverte d'André Lacroix.

 

Le coronavirus et la Chine.

Lettre ouverte à Reporters sans Frontières

Le 24 mars, j’ai reçu un courriel de Daniel Bastard contenant un communiqué de presse de RSF intitulé « Si la presse chinoise était libre, le coronavirus ne serait peut-être pas devenu une pandémie ».

Le 25 mars et le 26 mars, j’ai reçu, de la part de Cédric Alviani, un autre texte de RSF intitulé « Ces héros de l’information que la Chine a étouffés ».

 

 

Chers Messieurs Bastard et Alviani,

Que les autorités chinoises aient commis des fautes lors du surgissement inopiné d’un nouveau virus, nul ne le conteste, en particulier le gouvernement de Pékin qui a déjà décidé de demander des comptes aux autorités de la métropole de Wuhan et de la province du Hubei.

Vous profitez de ces événements dramatiques pour condamner sans appel un régime qui ne vous plaît pas. L’indignation à géométrie variable est une constante chez RSF.

Vous êtes bien les héritiers de votre fondateur et ancien secrétaire général, le peu recommandable Robert Ménard dont l’engagement à RSF a été suivi par l’accession à la mairie de Béziers grâce au soutien de Marine Le Pen.

Que le nouveau secrétaire général de RSF, Christophe Deloire, ait déclaré se désolidariser de Ménard en 2006, cela ne l’a pas empêché, en 2019, d’aller chercher le Prix Dan David à Tel Aviv, dans un pays où l’on peut se permettre d’assassiner des journalistes palestiniens (voir https://www.legrandsoir.info/reporters-sans-frontieres-recoit-le-prix-du-regime-assassin-de-journalistes-the-electronic-intifada.html).

Quant à l’ineffable Pierre Haski, votre président, dont les sentiments antichinois sont bien connus, il a un jour réussi ce tour de force d’assener en une seule phrases trois contre-vérités à l’égard de la Chine (voir http://tibetdoc.org/index.php/politique/mediatisation/415-le-tibet-vu-et-revu-par-geo-4e-partie-douteuse-polarisation-sur-le-troisieme-pole).

En ces moments peut-être déterminants pour l’avenir du vivre ensemble sur la planète terre, il y a mieux à faire que de jouer à refaire l’histoire avec des si. « Si la Chine, etc. » et, pourquoi pas : « si les États-Unis respectaient le droit international », ou « si les multinationales ne dominaient pas la politique » ou « si l’Iran n’était pas victime de sanctions », etc., etc.

Quant aux héros de l’information étouffés, je pense en particulier à Julian Assange, le fondateur de Wikileaks : s’il bénéficie aujourd’hui d’un soutien médiatique qui se généralise, je n’oublie pas que, selon Marc Rees, rédacteur en chef de Next INpact, RSF a commencé par dénoncer « les diffusions irresponsables de Wikileaks », que RSF a mis en cause la méthodologie de Wikileaks « entamant sa crédibilité » et l’a même accusé d’être « un média par opportunisme » (voir https://www.nextinpact.com/archive/58783-rsf-wikileaks-presse-journalisme-internet.htm), ce qui a sans doute retardé l’élan de solidarité à l’égard de Julian Assange. Ces réserves de la part de RSF sont assez compréhensibles, car les documents de Wikileaks dénonçaient explicitement des crimes de guerre commis par les États-Unis, qui sont, pour rappel, votre grand protecteur (voir Maxime Vivas, La face cachée de Reporters sans Frontières, éd. Aden, 2007).

En ce qui concerne l'expulsion de journalistes états-uniens par la Chine, la mesure a été prise "deux semaines après une décision contraignant le travail des agences de presse chinoise sur le sol américain". Le journal Les Échos écrit à ce propos : « Inédit, ce coup de force entend répondre à Donald Trump. Dans un communiqué, le ministère des Affaires étrangères précise que ses décisions sont de nécessaires contre-mesures que la Chine est obligée de prendre en réponse à l'oppression déraisonnable que subissent les médias chinois aux Etats-Unis » (voir https://www.lesechos.fr/tech-medias/medias/la-chine-expulse-a-nouveau-des-journalistes-americains-1186346). Un détail que vous « oubliez » de mentionner.

À votre prose partisane − sans pour autant être un inconditionnel de la Chine −, je préfère le discours ouvert et modéré de l’ambassadeur de la RPC à Paris : https://www.chine-magazine.com/lambassade-de-chine-en-france-repond-a-la-presse-francaise/.

Veuillez agréer, chers Messieurs Bastard et Alviani, mes salutations distinguées.

André Lacroix

(citoyen belge)